Approche croisée
Appliqué à l'étude des comportements et attitudes des usagers dans le cadre des interventions architecturales et/ou urbaines, le croisement des méthodes qualitatives et quantitatives, permet de comprendre comment les usagers pensent, disent et vivent leur cadre de vie (logement, quartier, ville).
Les approches multi-combinatoires (entretiens, questionnaires, sondages ...) portant sur les usagers (modes de consommations, de déambulation, de déplacements, ...) permettent :
d'une part, de connaître les profils types des ceux-ci (fêtard, l'amateur de la nature, le sportif, le bricoleur, ...) ;
de comprendre les différentes facettes cachées de chaque profil (désirs, souhaits, rejets, attentes, ...).
Nous proposons une approche croisée formalisée par la méthode EBAHIE signifiant Ecoute des Besoins et Attentes et leur HIErarchisation.
On pourra se reporter au chapitre 5 tiré du numéro " Objectiver l'humain. Volume 1, qualification, quantification[1]" (Sylvie Leleu-Merviel, Hermès Sciences, Lavoissier).
Cette méthode se décline en deux parties, comme illustré dans le schéma ci-dessous :
Méthode EBAHIE, Ecoute des Besoins et Attentes et leur HIErarchisation | |
|---|---|
Phases | Cible concernée |
Première phase : qualitative | Panel d'une centaine de personnes |
1.Entretien semi-directif | |
2.Transcription des verbatim | |
3. Regroupement des thématiques par analogies sémantiques | |
4. Détermination des classes d'attentes | |
Deuxième phase : quantitative | environ 30 personnes |
5. Élaboration des questionnaires à partir des classes d'attentes | |
6. choix de l'échantillon représentatif pour l'étude | |
7. mise en place du questionnaire | |
8. dépouillement des réponses | |
9. pondération et hiérarchisation des résultats | |
Fondamental :
Il ne faut pas oublier les « silencieux de la ville » dans les débats sur la ville et sa fabrication. Par silencieux de la ville, nous entendons tous les acteurs, individuels, ou groupes d'acteurs (jardiniers, bricoleurs, clubs de sport amateur : musculation, rolleurs, ...), qui :
n'ont pas une identité juridique ;
par leur agir quotidien ou occasionnel dans et /ou sur la ville, participent à la construction du sens urbain.
Ces silencieux, qui viennent d'horizons socio-professionnels diversifiés (ouvriers, intellectuels, familles aisées, familles monoparentales, ...), nouent des liens sociaux invisibles à travers leurs pratiques affinitaires et informelles au sein de la ville. Ces pratiques se traduisent par un jeu de relations qui s'exprime par l'organisation de pouvoirs, le développement de sentiments d'appartenances, de représentations et d'imaginaires.
Aussi, par leur agissement dans et/ou sur la ville, ces acteurs exercent un certain pouvoir contribuant à façonner et remodeler les usages et connotations des espaces de la ville.
Or, la réalité du terrain montre que, lors de la réflexion sur la ville, ces acteurs restent le plus souvent « cloisonnés » dans leur milieu. Les pratiques sociales et usages de l'espace qu'ils développent ne sont pas décryptés pour comprendre les facettes inexprimées de la ville.
Se pencher sur le déchiffrage des règles et mécanismes d'élaboration et de fonctionnement des différentes pratiques locales de ces acteurs permet de tirer des enseignements urbains très utiles pour enrichir la réflexion.
Ces enseignements pourront servir comme une grille de lecture et d'interprétation de la réalité complexe de la vie urbaine. Ce qui permettra par la suite de concevoir des outils adéquats pour intervenir sur cette complexité.
